29 décembre 2015

La porte de la salle de bain - Sandrine Beau.

« Plusieurs fois, j'ai essayé d'imaginer que je parlais. Que je racontais ce qui se passait dans la salle de bain, depuis quelques temps... Mais je n'arrivais pas à trouver les mots. Je ne savais pas par quoi commencer . « Le copain de ma mère entre dans la salle de bain quand je prends ma douche... » ça me semblait ridicule comme phrase. On aurait dit une petite fille qui couine. Et puis, ça n'avait pas vraiment l'air grave dit comme ça. »

Auteur : Sandrine Beau.
Éditions : Talents Hauts.
Genre : Jeunesse.
Année de sortie 2015.
Nombre de pages : 95.

Synopsis : « J'attendais mes seins avec impatience. C'est à partir des p'tits oeufs au plat que tout s'est déglingué. Comme s'ils s'étaient passé le mot pour gâcher ma joie toute nouvelle. Ça a commencé dans le bus. C'est là que j'ai vu le regard des hommes changer. Enfin de certains hommes... Ceux-là, ils ne se gênaient pas pour me regarder. Ou plutôt pour me regarder directement dans les seins. Pas gênés ! Tranquilles. Je détestais ça. »


Mon avis :
Je remercie les éditions Talents Hauts de m'avoir permis de lire ce petit livre si terrifiant. Un sujet tabou, un sujet horrible, mais un sujet qui est à connaître car c'est ce qui se passe pour de nombreux enfants qui ne voient pas bien ce qu'il est permis de faire ou non et ce qu'il faut dire lorsque cela arrive. Un petit roman poignant.

Il s'agit d'un livre très court, donc je vais faire ma chronique de manière un peu différente, sans distinguer plusieurs aspects du roman. Je vais tout mettre ici, parce qu'il y a beaucoup de choses à dire, et si peu à la fois. Si peu, parce que ça ne devrait pas exister, tout simplement. Et beaucoup de choses, parce que l'histoire de cette jeune enfant ne peut que nous toucher.
Mia est jeune, elle a l'âge auquel les petites filles commencent à guetter leurs seins, attendant impatiemment qu'ils poussent. Et lorsque que ça va arriver, Mia va se sentir folle de joie ! Jusqu'à ce qu'elle remarque que certaines personnes ne la regardent plus de la même manière. Ou ne réagissent plus de la même manière… Mia est une enfant, on ne peut que la trouver touchante et désirer la défendre à tout prix. Mais face à ce qui se passe dans la salle de bain, nous sommes impuissants. Nous n'y pouvons rien, et ça nous agace encore plus. Lorsqu'un homme qui a l'air si gentil se met à commettre des actes irréparables, cela passe inaperçu, car c'est tellement impensable, voyons. Et puis à côté de ça, nous avons une enfant qui ne sait pas comment s'exprimer, qui voit les yeux de sa mère briller d'amour pour cet homme répugnant. C'est tellement compliqué. C'est tellement affreux.
Ce livre ne fait même pas 100 pages mais je peux vous dire que chacune d'entre elle est forte en peur et en émotions. Plus on avance dans notre lecture et plus la suite nous effraie. On s'attend au pire même si l'on souhaite le meilleur. C'est un livre qui dénonce une réalité qui existe chez certaines familles, une réalité à bannir car personne n'a le droit de faire subir ce genre de choses à un enfant. C'est un roman profondément choquant, écrit par une plume percutante et émouvante, Sandrine Beau sait comment nous toucher sans avoir à écrire des centaines de pages. Je vous conseille de découvrir ce petit livre qui traite un sujet vraiment tabou, c'est important, vraiment. Ça devrait cesser d'exister.

C'est un livre petit, tout petit, mais qui contient de trop grandes horreurs. Alors en quelques pages, nous sommes profondément touchés, horrifiés, émus et terrifiés. C'est un sujet qui est encore tabou, parce qu'on pense que ça ne s'écrit pas, ça ne se dit pas, mais bien sûr que si, il faut l'écrire, il faut le dire et le crier sur les toits ! C'est la seule manière d'arrêter ça, de mettre fin à ces horreurs. La seule.

Une petite lecture poignante.

28 décembre 2015

Dysfonctionnelle - Axl Cendres.

« J'ai mis dans ses yeux tout le soleil qu'il y avait dans les miens. »

Auteur : Axl Cendres.
Éditions : Sarbacane (Exprim)
Genre : Jeunesse.
Année de sortie 2015.
Nombre de pages : 305.

Synopsis : « Fidèle, alias Fifi, alias Bouboule, grandit dans une famille Dysfonctionnelle ; Papa enchaîne les allers-retours en prison, Maman à l’asile ; mais malgré le quotidien difficile, Fidèle vit des moments de joie, entourée de ses six frères et sœurs aux personnalités fortes et aux prénoms panachés : Alyson, JR, Dalida, Jésus… Cette tribu un peu foldingue demeure Au Bout Du Monde, le bar à tocards que tient le père dans Belleville, théâtre de leurs pleurs et rires. À l’adolescence, la découverte de son « intelligence précoce » va mener Fidèle à « l’autre » bout du monde : un lycée des beaux quartiers où les élèves se nomment Apolline ou Augustin, et regardent de haut son perfecto, ses manières de chat de gouttière et ses tee-shirts Nirvana. Mais c’est aussi là que l’attend l’amour, le vrai, celui qui forme, transforme… CELUI QUI SAUVE. »

Mon avis :

Au salon du livre de Montreuil, j'ai pu faire dédicacer ce roman, et Axl Cendres a écrit « Si ce livre ne te plaît pas, tu as le droit de venir me donner un coup de poing ». Je suis navrée de vous décevoir, mais je ne vais pas vous montrer ma force de moineau en allant donner un coup de poing à Axl, car ce livre m'a plu, c'était même plus que ça. Merci aux éditions Sarbacane pour cette découverte incroyable.

Fidèle a une famille complètement dysfonctionnelle, ce genre de famille qu'on rêverait de rencontrer, mais certaines personnes ne sont certainement pas de notre avis. Avec un papa kabyle qui fait plusieurs séjours en prison, une maman juive convertie au christianisme où les séjours se passent dans un asile, une grand-mère musulmane et 6 frères et sœurs, Fidèle est servie. Ce sont des personnages totalement déments qu'on a là. Les prénoms nous font déjà rire quand on les découvre (ainsi que les raisons qui ont amené les enfants à se nommer de cette façon), puis les personnalités sont à mourir de rire. Chacun est si différent, si unique en son genre et si engagé dans sa cause. C'était un réel plaisir d'en apprendre toujours plus sur chaque personnage vivant au Bout du monde. Et puis, il y a aussi les gens de l'extérieur, intéressants eux aussi, surtout par le contraste qu'ils marquent à côté de la famille de Fidèle. J'ai été totalement décontenancée par ce livre. Les personnages étaient tous plus dingues les uns que les autres, tout en étant si humains et si touchants que ce livre devenait une véritable perle rare à mes yeux. Je n'avais jamais lu ça, et j'ai envie de vous faire découvrir ça, justement, mais je n'ai pas les mots pour vous expliquer à quel point c'était… dysfonctionnel, comme roman.

Ce livre est une bouffée d'air frais et de folie. Et pourtant, derrière tout ce masque d'humour et d'amusement, il y a des personnes qui ont vécu des choses indicibles. Derrière la légèreté de cette histoire on distingue la dureté de la vie. C'était un mélange de tout, d'amour et de tristesse. Mais c'est surtout un livre qui nous oblige à être tolérant. Il y a tellement de personnages différents avec des origines différentes, des pratiques uniques, des religions propres à eux-même, des envies personnelles, qu'on ne peut pas être fermé d'esprit face à eux. Non, il faut aimer tout le monde (quoique non, certains personnages sont imbuvables, mais eux on a raison de ne pas les aimer, je vous assure). J'ai adoré cette immense diversité du roman qui rend chaque chose étrange totalement banale. Ça nous montre qu'on a pas besoin d'être « normal » pour être heureux. Ça nous montre aussi qu'on apprend énormément pendant l'enfance et qu'on est très attentif à l'éducation reçue par nos parents. Et puis l'amour, l'amour, sa présence rend le tout merveilleux, magique, ça nous fait rêver. C'est une histoire qui nous touche en plein cœur et qui nous fait sourire, tout le temps, toujours. J'ai trop de choses à dire sur ce livre, mais je ne vais pas les dire, et je vais vous laisser le lire, comme ça on pourra se les dire ensemble.

Découvrir la plume d'Axl Cendres fut un immense plaisir. J'ai ri comme jamais, parce que c'est rare de vraiment rire quand on lit un roman, mais avec cette auteur absolument pas. Tout ce qui est rare devient normal, alors j'ai ri souvent, et ça me rendait heureuse, ce livre faisait mon bonheur dès que je m'y replongeais. C'était dingue, comme lecture, c'était invraisemblable, j'avais envie que tous les lecteurs du monde le lisent en même temps que moi pour qu'on puisse en parler tous ensemble, rire et pleurer ensemble, discuter pendant des heures de tel ou tel personnage. J'ai ressenti tellement de choses, j'ai tellement envie de vous donner envie de le lire. Je ne sais pas trop comment m'y prendre sans vous y obliger. Ah ! Je sais : « Si tu ne lis pas ce livre, j'ai le droit de venir te donner un coup de poing ! »
(mais du coup oubliez que je vous ai dit que j'avais une force de moineau, parce que je suis pas très impressionnante sinon)

Ce livre est une histoire de folie. Ce roman est incroyable, renversant, touchant. Il vous parle de tout, il vous faire rire aux éclats, il vous touche et il vous re-touche en plein cœur. Des personnages hors du commun qui vous offrent une histoire unique, inoubliable, à lire de toute urgence. Sinon, je mettrai ma menace à exécution (et attention, là je suis sérieuse, vous devez VRAIMENT lire ce roman, c'est très très important).


COUP DE CŒUR.

27 décembre 2015

La folle rencontre de Flora et Max - Coline Pierré et Martin Page.

« Ce n'est pas ta chambre qui est une prison, c'est toi. »


Auteurs : Martin Page et Coline Pierré.
Éditions : L'école des Loisirs.
Genre : Jeunesse.
Année de sortie 2015.
Nombre de pages : 200.

Synopsis : « Lorsqu’elle découvre l’étonnante lettre de Max, Flora est à la fois heureuse et troublée, elle reçoit peu de courrier depuis qu’elle est en prison… Que peut bien lui vouloir ce garçon excentrique qui semble persuadé qu’ils ont des points communs ? Que peut-il partager avec une lycéenne condamnée à six mois ferme pour avoir violemment frappé une fille qui la harcelait ? Max ne tarde pas à révéler qu’il vit lui aussi enfermé. Il a quitté le lycée après une grave crise d’angoisse, depuis, il ne peut plus mettre un pied dehors et vit retranché chez lui, avec ses livres, son ordinateur, son chat gourmet et son ukulélé. Flora et Max vont s’écrire, collecter chaque jour des choses lumineuses et réconfortantes à se dire, apprivoiser leur enfermement et peu à peu, avec humour et fantaisie, se construire une place dans le monde. »
Mon avis :
J'ai lu cette folle histoire parce que le résumé m'intéressait grandement, et je remercie l'école des Loisirs pour cet envoi, ce fut une belle surprise à la lecture. Ce que j'ignorais en commençant ce roman, c'est que les deux auteurs se sont réellement envoyé des lettres durant une période, afin d'écrire ce roman. Ils sont donc allés de surprises en surprises sans jamais savoir où l'autre allait mener le fil de l'histoire, je pense que cette expérience a été fabuleuse pour eux, et le résultat l'est tout autant.

Max et Flora sont deux adolescents qui vivent l'enfermement, chacun à leur manière. Flora, parce qu'elle est en prison, et Max parce que pour une raison qui nous est inconnue, il s'enferme dans sa chambre qui devient son seul lieu de vie. On va apprendre à les connaître à travers ces lettres qu'ils vont s'envoyer, une relation uniquement épistolaire pour un roman qui l'est aussi. On ne lit que des lettres, un support inhabituel qui fut très plaisant pour ma part. J'ai adoré découvrir la vie de Flora, ainsi que celle de Max. Ils étaient si touchants, leurs lettres étaient très profondes, très révélatrices de leurs personnalités. Chaque détail sur leurs vies passées nous rendait encore plus curieux sur les détails à venir. C'était beau de vivre cette aventure avec eux, en lisant cette histoire, en lisant leurs paroles. Car ils sont tous les deux au même endroit que nous : ils sont seuls, et ils lisent les lettres qu'ils reçoivent de l'autre. Tout comme nous.

C'est une histoire qui commence avec de nombreux mystères. Flora est en prison. Pour quelle raison ? Qu'est-ce qui a amené cette fille si attachante dans un endroit si lugubre ? C'était intéressant de découvrir ce personnage ainsi que sa vie dans ce lieu sombre et glaçant qu'est la prison. Et terrifiant, aussi. Et puis Max qui vit enfermé, à sa manière. Qu'est-ce qui a conduit ce jeune garçon à se couper du monde ? Tandis que l'un rêve de liberté, l'autre s'en prive volontairement. Au point que leurs échanges deviennent très touchants, passionnants, car chacun a ses raisons et se confie au fur et à mesure. C'est un suspens très présent car on attend impatiemment la fin de cette histoire, avec nos espoirs personnels. J'aimais bien tenter de deviner leurs futures intentions ainsi que leurs anciennes actions. On les découvre au fur et à mesure qu'ils se découvrent eux aussi, et on les aime de plus en plus tout comme ils s'apprécient de plus en plus. Une amitié naissante unique, nouvelle.

C'était une idée géniale de la part des deux auteurs d'écrire ce roman en s'envoyant eux-même des lettres. On découvre à travers chacune d'entre elle un style propre à chaque auteur, et on savoure notre lecture. Car ici, chaque adolescent a vraiment sa propre manière d'écrire, c'est une véritable narration à deux voix. C'était d'autant plus riche en surprises, en découverte, et en joie de lire ce roman. Le style dans sa globalité est très agréable, et j'ai ressenti beaucoup d'émotions semblables à celles de Flora et Max. J'ai adoré cette histoire, j'ai adoré la tournure prise par les événements, beaucoup d'étonnement, mais aussi d'émerveillement. C'était magique.

Ce petit livre est unique en son genre, il est poétique, il est beau et il nous fait vivre une lecture magique. On lit des lettres uniquement et c'est intéressant de suivre une relation épistolaire, et de découvrir chaque personnage en temps et en heure. Je trouve l'idée merveilleusement bien pensée, et rien que pour ça je vous recommande vivement de lire cette belle histoire. J'ai été passionnée par ce roman.

Une très belle lecture.

23 décembre 2015

La Belle Rouge - Anne Loyer.

« S'il devait faire des efforts, ce serait pour elle, mais il ne sait pas comment faire avec cette femme qu'il connaît si peu, qui lui glisse entre les doigts, à travers le cœur. »


Auteur : Anne Loyer.
Éditions : Alice (Tertio).
Genre : Jeunesse, Contemporain.
Année de sortie 2015.
Nombre de pages : 134.

Synopsis : « Marje est camionneuse depuis 25 ans. Avec son beau camion rouge, elle sillonne les routes. Entre lui et elle, c’est une grande histoire d’amour. Kader a 16 ans. Abandonné par sa mère à 7 ans, il a connu les familles d’accueil et les ennuis avec la justice. Aujourd’hui, il vit dans un centre pour mineurs. Mais c’est une vraie tête brûlée qui n’a qu’une envie : se faire oublier. Un jour, Kader décide de partir. Perdu sur une aire d’autoroute, il monte dans un camion rouge laissé ouvert.»


Mon avis :
J'ai déjà lu un roman d'Anne Loyer, Comme une envie de voir la mer, et me plonger à nouveau dans un livre de sa plume m'enchantait car je savais d'avance que j'allais apprécier l'histoire. Je remercie les éditions Alice pour cette réception et je suis heureuse que nous débutions un véritable partenariat.

Marje et Kader sont deux personnages très différents, à commencer par leur âge, mais aussi par leur caractère respectif. Marje est une femme âgée passionnée par la route parce que les événements de la vie l'ont guidée sur cette voie, et Kader est un jeune garçon au caractère difficile vivant dans un centre pour mineurs. Ces deux-là vont se rencontrer par hasard, et vivre une aventure unique. Il ne faut pas avoir d'à-priori sur eux, surtout pas. On s'attache si facilement à ces deux personnages. Marje est touchante, attentionnée et on a confiance en elle pendant toute la durée du voyage. Kader, sous ses airs de voyou, possède un cœur tendre. Un sacré drôle de couple qui s'embarque dans une sacrée drôle d'aventure.

Une histoire courte qu'on aimerait voir durer davantage, parce qu'on apprécie les différentes personnes du récit, ainsi que la tournure que prend l'histoire. Ce roman nous interdit d'avoir des préjugés et nous fait vivre un beau voyage en compagnie de Marje, une femme formidable. On en vient à s'attacher à la Belle rouge, à désirer nous aussi embarquer à bord pour parcourir des kilomètres. Une histoire touchante par ses sujets abordés, les enfances difficiles, les conflits entre les adolescents et les parents, mais aussi l'amour. Que des thèmes qui nous font sourire, qui savent nous émouvoir. J'ai beaucoup apprécié cette petite histoire, elle m'a fait passer un très agréable moment. Un suspens insoutenable était présent par rapport à la suite du récit, un suspens qui nous oppresse, qui nous inquiète, qui nous terrifie. Un suspens qui nous fait lire ce livre en entier avant de le reposer, parce que 130 pages c'est rapide à dévorer, mais on les savoure tout de même car ça serait trop bête d'aller plus vite que La Belle rouge.

Le style d'Anne Loyer est poétique, léger comme une plume, une plume qu'elle sait manier pour nous faire rêver. Mon nouveau rêve, c'est lire un roman d'Anne Loyer qui soit composé de nombreuses pages pour rêver plus longtemps, car ses histoires sont belles, et j'aimerais en lire une longue, une plus complète qui me permettrait d'aimer encore plus son style et ses romans. Je vous conseille de découvrir la plume d'Anne Loyer pour ses romans si agréables à lire, si communicateurs d'émotions.

Un livre agréable, léger et si profond à la fois. Une histoire qui nous touche, qui nous passionne et dont on désire ardemment connaître le fin mot. C'est très rapide à lire, mais l'auteur sait nous intégrer à l'histoire, nous faire voir de beaux paysages et nous envoûter avec ses mots, si bien qu'on adore suivre l'aventure de Marje et Kader. Je vous conseille ce petit livre pour son style poétique, son histoire touchante et ses personnages attachants.

Une très belle histoire.

21 novembre 2015

Je t'ai rêvé - Francesca Zappia.

« Si rien n'est réel, alors quelle importance ? C'est ici que tu vis. Ça ne suffit pas à rendre tout ça suffisamment réel ? »

Auteur : Francesca Zappia.
Éditions : Robert Laffont.
Genre : Jeunesse.
Année de sortie 2015.
Nombre de pages : 442.

Synopsis :
« La folie est son quotidien, rien ne la préparait à être « normale ».
- On joue au jeu des vingt questions ?
- OK , mais c'est moi qui les pose cette fois.
- Ça marche.
- Si je devine en moins de cinq questions, je serai vraiment déçue.
Il esquisse un sourire et répond :
- Ne m'insulte pas.
- Est-ce que tu es vivant ?
- Oui.
- Tu habites ici ?
- Oui.
- Je te connais ?
- Oui.
- Est-ce que je t'ai rêvé ? »


Mon avis :
La première chose qui m'a donné envie de lire ce roman ? Sa couverture, je l'avoue, je plaide coupable, mais ne me dîtes pas que vous ne la trouvez pas sublime ! Tellement mystérieuse, énigmatique, on ne peut que se demander ce qu'elle peut bien renfermer. Et on a espoir que ce soit aussi merveilleux dedans que dehors. Puis la deuxième chose qui m'a donné envie de plonger dans cette histoire, c'est le sujet de la maladie, la schizophrénie, qui m'intéresse beaucoup. Merci à la Collection R pour cette magnifique réception.

Alex pourrait être une adolescente comme les autres, mais sa maladie l'en empêche. Alex est schizophrène, et même si elle aimerait se faire des amis, rencontrer des gens, ses hallucinations peuvent dresser un réel obstacle aux relations. Elle arrive dans un nouveau lycée pour sa dernière année et elle ne souhaite qu'une chose : ne pas se faire remarquer, paraître totalement normale et terminer son année sans trop de péripéties. Ses parents et sa sœur, Charlie, ont l'air de la soutenir et de l'aider à aller mieux chaque jour. Alex se fond dans la masse jusqu'à croiser Miles, ce garçon qu'elle pensait être une hallucination qui remontait à il y a plus de 10 ans. L'avait-elle rêvé ? Était-il bel et bien réel, devant elle ? Alex est une fille attachante qui, malgré ses problèmes, arrive à nous faire rire de son malheur. Alors oui, c'est vrai, on ne peut pas vraiment s'identifier à elle car pour cela il faut être très paranoïaque et avoir des hallucinations plutôt tordues, mais on essaie de comprendre ce qu'elle ressent, on tente, et ça nous perd totalement. J'ai adoré les deux personnages principaux, Alex et Miles. Il étaient si réalistes, si touchants, et ils nous faisaient ressentir des émotions si troublantes, si intenses. L'auteur nous a amenés à la rencontre de personnes fabuleuses, des adolescents qui restent gravés dans notre mémoire, Alex et Miles sont de ces personnages qu'on n'oublie pas, jamais.

Et pourtant, l'histoire m'a surprise. Là où on s'attend à un roman sur la maladie, on se retrouve finalement avec une romance. Bon, j'avoue que j'adore ça, donc j'étais loin d'être déçue, juste un peu frustrée que ce livre ne soit pas ce à quoi je m'attendais en arrivant au milieu de l'histoire. Mais je me trompais une fois encore, car j'ai avancé un peu plus dans ma lecture, et là ça a été une explosion de troubles, de retournements de situation et de mystères. Au-delà de la romance, il y a d'autres questions qui amènent du suspens à l'histoire. Ajoutons à cela le fait que lire un livre sur la schizophrénie nous rend totalement sur nos gardes, à toujours douter de ce qu'Alex voit ou non, et alors nous nous retrouvons avec un roman totalement génial, incroyable, déroutant, merveilleux, unique… unique, c'est bien le mot.

Le style de l'auteur est assez simple, elle sait mettre du suspens là où il faut (ce qui rend notre envie de reposer le livre totalement… inexistante) et surtout elle réussit à nous perdre là où l'on pense qu'on a enfin compris, qu'on est sûr de nous. Si ce livre est si extraordinaire, c'est parce qu'il nous surprend sans cesse. J'en venais à craindre la fin, de peur que toutes mes idées ne soient fausses, de peur de voir toutes mes pensées sur l'histoire réduites à néant. Francesca Zappia exerce une réelle pression psychologique sur nous, c'est presque de la torture de jouer avec notre esprit de la sorte, mais c'est surtout sacrément fort et talentueux. J'avais peur d'être légèrement déçue de la tournure de l'histoire lorsque ça a viré à la romance, mais je n'étais pas au bout de mes surprises. Je peux vous promettre que ce roman sera un véritable casse-tête à résoudre, et je vous mets au défi de me prouver le contraire.

Là où l'on peut être déçu, c'est sur le fait que ce roman ne traite pas exclusivement de la maladie d'Alex. Mais au contraire, j'ai vu cette histoire comme une magnifique romance qui peut paraître improbable mais qui a lieu d'être. L'histoire parle d'amour, d'amitié, d'école, de problèmes familiaux, mais aussi de la schizophrénie qui est une maladie très difficile à vivre, ce que nous rappelle ce si beau récit. Vous ne serez pas au bout de vos surprises en plongeant dans ce roman, et je peux vous dire qu'il est réellement troublant de lire une histoire où démêler le vrai du faux s'avère assez complexe. J'ai adoré cette histoire, j'ai adoré ce livre, j'ai adoré les personnages et j'ai adoré les idées de l'auteur. Ce livre est un sacré coup de cœur pour moi.

COUP DE CŒUR.

18 novembre 2015

Le prof, moi & les autres - Rachel McIntyre.

« J'aimerais que l'amour soit un robinet qu'il suffit de fermer quand vous n'en voulez plus. »

Auteur : Rachel McIntyre.
Éditions : Milan, collection Macadam.
Genre : Jeunesse.
Année de sortie : 2015.
Nombre de pages : 247.

Synopsis : « Lara a 15 ans et sa vie est un enfer. Au lycée, elle fait office de souffre-douleur et subit sans cesse les moqueries des élèves. Chez elle le tableau familial est sombre, l’alcoolisme de son père mène ses parents droit vers la séparation. L’arrivée de Ben Jagger, le nouveau professeur de littérature, va lui redonner goût à la vie et pourrait bien tout changer... Plus qu’une histoire d’amour, une leçon de vie. »


Mon avis :
Je remercie les éditions Milan et la collection Macadam pour l'envoi de ce livre qui, à première vue, me paraissait être une histoire d'amour légère et amusante avec quelques péripéties par-ci par-là. Ce qui signifie que je m'attendais à tout sauf à ça ; un roman qui traite du harcèlement scolaire. C'est vrai que ni la couverture, ni le résumé ne nous laissent penser que cela va être un des sujets principaux, même si on sait qu'elle subit des moqueries je ne m'attendais pas à voir le tout virer sur une situation si grave.

Lara a 15 ans et elle écrit dans son journal intime la plupart de ses journées passées dans son lycée privé. Rien de très joyeux, rien de très agréable ne s'y passe pour elle, sa vie n'est pas idéale et elle fait avec du mieux qu'elle peut. Ça, c'était avant l'arrivée du nouveau prof de littérature qui va totalement changer son quotidien, ou du moins le rendre plus beau sans qu'il ne soit si différent des autres jours. Lara subit vraiment des choses atroces à l'école, et j'étais totalement incapable de me mettre à sa place car je ne comprenais pas ses réactions – et pourtant je sais que ce sont celles de nombreuses personnes qui se font harceler, et si j'étais à sa place mon attitude serait peut-être la sienne. J'étais révoltée par tant de cruauté de la part d'adolescents qui sont en âge de comprendre, certainement parce que dans mes études je n'ai jamais croisé ces cas de harcèlement, et j'ignorais même que ça pouvait être si « courant » malheureusement. Le fait que Lara ait 15/16 ans au cours de l'histoire fait que ce livre peut être lu par des plus jeunes, car bien qu'elle ne soit pas immature son style pourrait moins plaire aux plus grands (l'écriture dans un journal in time n'étant pas très poétique, évidemment, mais plutôt dans un style parlé), mais ça ne m'a pas empêchée d'apprécier ce personnage, de m'attacher à elle.

C'est une histoire si triste, et si belle à la fois. Je ne vous dirais pas précisément pourquoi, évidemment, mais ce roman aborde des thèmes de l'adolescence sans trop tomber dans le cliché, et j'ai apprécié ce petit côté unique de l'histoire. L'évocation du harcèlement à de nombreuses reprises n'est pas sans conséquences et on ne peut qu'être horrifié par tant de méchanceté, de bêtise humaine, et de tout ce qu'un jeune de même pas 18 ans peut déjà avoir de mauvais en lui. Le harcèlement est quelque chose qui est puni par la justice, et si ce livre nous fait bien passer un message, c'est celui-ci : ne restez pas sans rien dire, même si c'est beaucoup plus facile à dire qu'à faire. Ce roman est à mettre entre les mains de tous les jeunes afin qu'ils sachent quelles sont les choses qui sont normales, et quelles sont les choses qui sont anormales de subir. Ainsi que de faire subir aux autres.

Au niveau du style, comme je le soulignais ci-dessus il est jeunesse car il s'agit d'un style de journal intime, donc une écriture simple, fluide, qui reste agréable à lire mais qui n'a rien de très poétique, évidemment. Mais il faut tout de même dire qu'il s'agit d'une adolescente qui réussit souvent à nous faire rire, ce qui fait qu'en commençant ce roman je m'amusais beaucoup en le lisant et je ne m'attendais pas à un thème aussi difficile. J'ai donc été surprise par la gravité de la suite de l'histoire, mais cela m'a permis de découvrir des détails sur le harcèlement qui m'étaient inconnus. C'est donc un sujet grave qui est évoqué, mais ce livre vous fera tout de même parfois sourire, et la morale en est d'autant plus… belle ? Mature ? Une fin surprenante, ça c'est certain, et j'étais attristée par cette clôture de l'histoire mais je comprends totalement le choix de l'auteur.

Un roman surprenant car on passe très facilement du rire aux larmes, de la joie à la cruauté, et ça rendait le harcèlement d'autant plus choquant, d'autant plus horrifiant. Ce roman fait passer de beaux messages, de belles morales, et notre personnage principal est attachant. Un livre qui dénonce une réalité depuis trop longtemps ignorée, et en ce moment c'est mis en avant et c'est très bien car il faut que les choses changent.

Une bonne lecture malgré son thème très difficile.

1 novembre 2015

Ma raison d'espérer - Rebecca Donovan.

« J'aimerais pouvoir revenir à ce temps où tout était parfait et où j'étais heureuse, prête à m'envoler. »

Auteur : Rebecca Donovan.
Éditions : Pocket Jeunesse.
Genre : Contemporain.
Année de sortie : 2015.
Nombre de pages : 599.

ATTENTION CETTE CHRONIQUE VA BIEN ÉVIDEMMENT SPOILER LE PREMIER TOME. CE LIVRE EST UN TOME 2.

Synopsis : « Emma commence doucement à réapprendre à vivre aux côtés d'Evan et de Sara. Hantée par des cauchemars terribles, elle décide de donner une seconde chance à sa mère, qui l'a abandonnée, espérant trouver un sens à sa souffrance. Mais elle doit aussi affronter le regard des autres : ceux qui s'en veulent de ne pas l'avoir soutenue, ceux qui la jugent mais aussi ceux qui, surgissant de son passé, ont encore bien des révélations à faire sur sa vie d'avant... »


Mon avis :
Ce roman, c'était LE livre que j'attendais impatiemment depuis... depuis la lecture du tome 1, cet été. Et comment vous dire ma joie quand je l'ai vu dans ma boîte aux lettres, merci aux éditions Pocket Jeunesse pour ce merveilleux envoi, je n'ai pas hésité une seule seconde et j'ai abandonné tous mes plans pour me plonger dans ce livre et le lire (oui oui, les 600 pages) en deux jours. J'en ressors émerveillée et... horrifiée. Si vous saviez tout ce que j'ai à vous dire sur cette lecture qui m'a rendue totalement dingue.

On retrouve Emma qui réapprend à vivre depuis l'horrible incident de la fin du premier tome, il suffit de lire le résumé pour savoir qu'évidemment, elle s'en sort (je m'en doutais vu que deux tomes suivaient le premier, mais bon, le suspens de cette horrible fin restait insoutenable – d'ailleurs attendez-vous à pire avec ce second tome – mais je m'égare). Mais ce n'est pas parce qu'elle a survécu que sa vie devient facile, non, il va falloir qu'elle tente d'aller mieux à l'intérieur d'elle-même. Elle va prendre des décisions assez importantes, comme partir vivre chez sa mère qu'elle n'a vu que très rarement durant son séjour en enfer, et elle va donc apprendre à vivre dans une relation qu'elle ne connaît pas encore, la relation mère-fille. Mais même une fille vivant avec sa mère ignore la relation qu'elles ont toutes les deux, Emma ne sachant pas comment s'y prendre et sa mère ramenant un garçon différent chaque semaine, on peut dire qu'elles ne vivent pas dans le cliché habituel. Emma est réservée dans ce second tome, secrète même si elle tente de s'ouvrir aux autres, ce que Evan (son petit ami) et Sara (sa meilleure amie) attendent d'elle. En parlant plus franchement, Emma m'a profondément agacée, et c'est égoïste de ma part de dire ça car elle a vécu des choses que je ne pourrais jamais comprendre, mais quand même, elle était indécise sur tout, c'était juste insupportable. Mais ça ne m'empêchait pas de l'apprécier et d'adorer le livre, évidemment, je devenais donc légèrement maso en lisant ce roman, je m'énervais volontairement, et en plus j'appréciais ça.

Ce que j'adore avec l'auteur c'est qu'elle nous propose vraiment une histoire très complète, on lit ce livre et quand on le termine, même si seuls quelques jours se sont écoulés, on a vraiment eu l'impression que les premières pages avaient été lu plusieurs mois avant. On lit vraiment la vie de quelqu'un, dans ses moindres détails, ce qui donne un roman très riche en qualités, car rien que la curiosité naturelle de l'Homme nous pousse à vouloir savoir ce qui se passe par la suite, en plus du suspens que l'auteur sait mettre aux bons endroits. La reconstruction d'Emma passe donc par de nombreux événements que je vous laisse le soin de découvrir en lisant ce second tome, mais je tiens à dire que j'avais préféré le premier tome (à peu de choses près), sûrement à cause du fait qu'on découvre l'histoire, alors que là on ne fait que poursuivre notre lecture, on ne fait qu'enrichir notre savoir sur la vie d'Emma. Mais ça ne m'a pas empêchée d'adorer ce livre, de le dévorer, de vouloir savoir la fin parce que je savais pertinemment que l'auteur serait sadique. Mais là, vraiment, non, non, c'était pire que sadique, je vous assure, j'ai fermé le livre dans un état tel que je suis allée me déchaîner en postant de nombreux tweets remplis de colère, de haine, de frustration, de tristesse, et en même temps je trouve cette fin totalement géniale, mais aussi tellement affreuse. Toute l'histoire a eu le don de m'énerver car rien ne se passait comme je le souhaitais, mais en même temps j'adorais cet effet de surprise que l'auteur me procurait en faisant faire certaines choses aux personnages. Ce livre est juste fou, pour moi c'est incroyable qu'une auteur réussisse à me faire ressentir autant de choses. Mais en même temps, un premier tome de 500 pages, un second de 600 pages, il faut dire qu'on s'attache à nos personnages plus que de raison, et on comprend donc mieux la raison de ma frustration immense dès que quelque chose d'agaçant se produisait. Je ne pouvais rien y faire, alors je continuais à lire l'histoire. Pire que ça, je comprenais que les personnages fassent telle ou telle action, ça m'énervait mais je le comprenais, car chacun a un passé propre à lui-même, parfois plus traumatisant que tout ce que je pourrais imaginer. Alors oui, l'auteur a très bien étudié les personnalités des différents personnages, elle les a approfondis au maximum, on les connaît dans les moindres détails. Et c'est à ce moment-là que je me déteste tellement de ne pas avoir deviné la fin, car oui cette fin peut sembler logique. Mais quand on aime nos personnages, non cette fin est terrible, affreuse, horrifiante. C'est un véritable supplice de devoir attendre mai 2016 pour la suite. Rebecca Donovan est juste incroyable, vraiment, et si le tome 3 est à la hauteur des deux premiers, la trilogie sera alors un véritable coup de cœur.

En conclusion, ma chronique n'a aucun sens. Donc je vais résumer un peu : ce livre est génial, tout autant que le premier car j'adore Emma, j'adore suivre sa vie, sa reconstruction, ses relations avec Evan et Sara. Ce roman n'est pas un coup de cœur car parfois j'ai été beaucoup trop agacée par les personnages, surtout par Emma totalement indécise à certains moments. Mais il reste une lecture véritablement excellente car il est riche en action, en suspens, en surprise, en amitié, en amour, en découvertes, en rencontres, et en événements horribles que l'auteur a du se faire plaisir à écrire en sachant que ça allait nous torturer de les lire. Pour la fin, pas de commentaire, j'étais totalement déboussolée, totalement horrifiée de devoir attendre 6 mois pour avoir la suite de cet épilogue juste affreux. Du coup, je vous conseille vivement ce second tome si vous avez aimé le premier, mais je vous préviens il faudra vous ramasser à la petite cuillère quand vous aurez tourné la dernière page.

Un second tome excellent.

21 octobre 2015

Maintenant qu'il est trop tard - Jessica Warman.

« Qu'elle passe l'éternité sans savoir l'horreur qui a rempli son absence. »


Auteur : Jessica Warman.
Éditions : Pocket Jeunesse.
Genre : Jeunesse, Thriller.
Année de sortie : 2015.
Nombre de pages : 288.

Synopsis :
« Les adultes font la fête à l'étage, le soir du nouvel an. Samantha veille avec Remy, son meilleur ami, sur sa petite soeur, Tabitha. Elle dort paisiblement à leurs côtés. Soudain le père Noël entre dans la pièce, attrape Tabitha et l'emporte sous leur regard impuissant. À 17 ans, Sam revient avec sa famille sur les lieux du drame. La jeune fille retrouve Remy. Ensemble, ils réalisent qu'ils ont peut-être envoyé la mauvaise personne en prison... »




Mon avis :
Je remercie les éditions Pocket Jeunesse pour ce roman, qui m'a avant tout interpellée pour sa sublime couverture : sombre, mystérieuse, énigmatique, elle me promettait un roman riche en suspens, et quand j'ai lu le résumé j'ai su que je ne pouvais pas passer à côté de ce livre : et comme j'ai eu raison !

Sam avait 7 ans et était accompagnée de Rémy quand sa petite sœur, Tortue, s'est fait enlever par la « père noël ». 10 ans après ce drame, Sam revient dans cette maison qui rappelle tant de mauvais souvenirs à sa famille, et elle va retrouver Rémy, son meilleur ami d'enfance qu'elle avait perdu de vue avec les années et la distance. Sam et Rémy sont deux personnages très touchants car on les connaît depuis qu'ils sont petits quand on lit ce roman, et donc on est particulièrement attaché à ces jeunes totalement perdus dans leurs pensées et leurs interrogations. Les chapitres s'alternent parfois entre le passé et le présent, avec parfois de petites anecdotes sorties d'un livre que vous découvrirez si vous lisez ce roman, ce qui rajoute des indices à notre petite enquête pour découvrir si la personne qui a été envoyée en prison est bel et bien le criminel.

C'est une histoire remplie de mystères. Les éléments qui s'ajoutent à chaque chapitre viennent remettre en cause toutes nos prédictions, le suspens en devient totalement insoutenable. Impossible de laisser ce roman de côté dès le moment où on le commence, car notre désir de savoir le fin mot de l'histoire est trop grand. C'est justement ce genre d'histoire où vous avez beau avoir 1001 idées sur la dernière page du livre, cette dernière ne peut que vous surprendre, je vous assure. Et pourtant je me sentais observer les personnages comme si je les voyais réellement, comme si j'étudiais les expressions de leurs visages, les signes douteux. C'était incroyable d'être embarquée à ce point dans cette aventure au point de lire la fin plusieurs fois afin d'être sûr que c'est bien terminé, d'être certain qu'on a bien compris. Et au delà du suspens et des frissons que fait ressentir ce livre, il y a aussi l'amour, la tristesse, l'espoir, la déception. De nombreuses émotions qui nous retournent, qui nous font sourire, rire, qui nous rendent tristes, qui nous font peur et surtout qui nous font appréhender la suite des événements. Car au delà d'une histoire de kidnapping, il y a une histoire d'humanité, de personnes qui sont effrayées ou anéanties. Un vrai roman psychologique.

La plume de l'auteur ne semble pas extraordinaire au premier point de vue, elle est simple et efficace. Mais si on y réfléchit bien elle est plus que tout ça, elle nous envoûte à un point qui fait que nous sommes incapables de quitter cette histoire, de la laisser de côté. C'est donc à mes yeux la preuve d'un véritable talent de pouvoir à ce point passionner le lecteur, le garder éveillé pendant des heures sans qu'il ne se puisse se lasser. Un style que vous apprécierez forcément car, même s'il n'a rien d'incroyable son côté envoûtant ne peut que fonctionner, sur vous aussi j'en suis persuadée !

Ce livre ne peut donc qu'être un coup de cœur, je le savais déjà alors que je ne l'avais pas terminé et la fin n'a fait que confirmer toute l'admiration que je porte à cette histoire. Je ne peux que vous le conseiller surtout en cette période où les romans terrifiants sont les bienvenus ; les émotions fortes ne sont pas immenses mais intenses, et suffisent à nous donner des sueurs froides. Une histoire si passionnante que vous êtes obligés de la lire, vraiment !

Un coup de cœur pour un thriller passionnant.

18 octobre 2015

Refuges - Annelise Heurtier.

« Faire avec l'existant. Même avec le pourri, le moche, l'injuste. Même avec la mort, la maladie, la déception. L'absence. »

 
Auteur : Annelise Heurtier.
Éditions : Casterman.
Genre : Jeunesse.
Année de sortie : 2015.
Nombre de pages : 233.

Synopsis :
« Mila, une jeune Italienne, revient sur l'île paradisiaque de son enfance, espérant y dissiper le mal-être qui l'assaille depuis un drame familial. Très vite, d'autres voix se mêlent à la sienne. Huit voix venues de l'autre côté de la Méditerranée qui crient leur détresse, leur rage et la force de leurs espérances. Un roman envoûtant qui, depuis la lointaine Erythrée jusqu'à Lampedusa, invite à comprendre et à garder les yeux grands ouverts. »


Mon avis :
Quand les éditions Casterman m'ont contactée à propos de ce roman, j'ai hésité un court moment avant d'accepter car après tout, il n'y avait pas lieu d'hésiter, ce livre est vraiment un roman d'actualité qui ne peut que mieux nous aider à comprendre certains problèmes de notre société, abordés avec brio par une auteur à la plume envoûtante. Je remercie donc les éditions Casterman pour m'avoir fait découvrir cette très belle histoire.

Mila passe son mois de juillet sur une île où elle venait habituellement pour les vacances, mais un événement de sa vie a fait qu'elle n'y était pas retournée depuis de nombreuses années. Mila ne veut pas rester coincée chez elle avec ses deux parents, alors elle sort, elle rencontre Paola, elle découvre sur cette île de nombreuses anecdotes qui lui étaient inconnues jusqu'à présent. Mila occupe l'histoire principale, mais ses vacances sont entrecoupées de chapitres qui se passent de l'autre côté de la Méditerranée, des chapitres qui appartiennent chacun à une voix qui nous raconte son périple en tant que réfugié. Nous avons donc une histoire qui s'alterne entre Mila et les réfugiés, mais ce sont des petits récits regroupés par un lien que l'on découvre au fil du roman. Mila est une jeune fille qui mène une vie assez compliquée depuis un moment, et c'était un plaisir de partager son évasion, sa découverte de l'île et de ses secrets enfouis. C'est un personnage humain qui ose se poser des questions, même quand elle en ressent une certaine honte, et on ne peut que s'attacher à elle car on se retrouve dans son corps, dans ses pensées.

C'est une si belle histoire, ce livre. Ce sont de si tristes histoires, ce livre. On est heureux de suivre Mila, d'en apprendre toujours plus sur son histoire, et on est triste de suivre ces réfugiés qui tentent tant bien que mal de vivre, car ils ne font que survivre jour après jour avec le rêve de connaître un lendemain meilleur, un lendemain de vie et d'amour. Toute une histoire qui nous fait passer un beau message, un message d'actualité, un message qui pourrait ouvrir les yeux aux gens qui préfèrent les garder fermer. Parce que Mila est comme nous, elle découvre, et on ne peut rester indifférent face à ce problème de notre société, face à la mort de milliers de réfugiés qui ne cherchent qu'à vivre. Ce livre est un message de paix à mes yeux, un message passé par des histoires qui ne peuvent que nous toucher en plein cœur. J'ai été très émue en lisant ce roman, bouleversée aussi, assaillie d'émotions fortes et de désirs de changer le monde tout en sachant que rien n'est si facile. « Faire avec l'existant. »

La plume de l'auteur nous envoûte, nous emmène, nous fait voyager. Nous sommes avec Mila, puis nous sommes de l'autre côté de la Méditerranée, puis nous sommes de nouveau sur l'île de Lampedusa. Une plume touchante, délicate, poétique, qui nous fait ressentir certains moments comme si on les vivait. J'ai été réellement charmée par le style d'Annelise Heurtier, et par ses idées car elle expose les faits tels qu'ils sont sans dénigrer tel ou tel aspect du problème. Je n'hésiterai vraiment pas à me plonger dans un autre de ces romans car ses idées et sa plume sauront me toucher une nouvelle fois j'en suis persuadée. J'espère donc que vous lirez Refuges afin de découvrir à quel point ce livre vous passionnera, vous bouleversera.

C'était une très belle histoire, triste et magnifique à la fois, un roman qui sait nous émouvoir avec des mots, une auteur qui sait nous toucher avec un sujet dont nous entendons beaucoup parler ces derniers temps, et des chapitres alternés qui changent de nos lectures habituelles, ce qui nous fait découvrir un roman juste unique et mémorable. C'est un livre si simple et si compliqué à la fois. J'espère de tout cœur que vous aurez l'envie de le découvrir, car il en vaut vraiment la peine.

Un roman unique et mémorable.

24 septembre 2015

La fille de la ville - Boris Lanneau.

« La fille de la ville faisait des pointes sur la lune, elle avait les étoiles à ses pieds. »

Auteur : Boris Lanneau.
Éditions : Sarbacane (collection Exprim').
Genre : Jeunesse, Contemporain.
Année de sortie : 2015.
Nombre de pages : 293.

Synopsis : « Cinq potes à la vie à la mort, cinq gars de la campagne : ils se sur- nomment « l’Équipe ». Il y a Attila, le chef ; Dolby, le petit gros ; Dudu, celui qui conduit la 2-Chevaux, toujours bien coiffé dans ses chaussures bateau. Le quatrième, fou et footeux, c’est Jmenba, qui rêve de Gepffroy-Guichard. Et le dernier, c’est Rouge-Gorge, le poète. Cinq gars de la campagne, avec une 2-Chevaux et des rêves de fille de la ville – cette fille incroyable qui les a tous éblouis l’été dernier. Il paraît qu’elle revient le mois prochain. Tous veulent la conquérir, bien sûr… mais suite à une chasse au lièvre à fond la caisse, tout tombe à l’eau : la 2-Chevaux et les rêves. Heureusement, l’Équipe n’a pas dit son dernier mot ! »
Mon avis :
Les éditions Sarbacane ont des romans plus fous, plus amusants et plus passionnants les uns que les autres. Je m'attends donc toujours à plonger dans une lecture nouvelle, unique, et c'est ce que j'attendais de La fille de la ville, car rien que son résumé promettait de grandes choses. J'ai été surprise par ce livre, parfois dans le bon sens, parfois dans le mauvais (et heureusement le bon rattrape le mauvais), mais laissez-moi vous expliquer plus en détails mon ressenti sur ce récit.

L’Équipe est composée de cinq gars de la campagnes, qui sont amis depuis longtemps et qui comptent le rester à la vie à la mort. Cinq gars tous très différents, mais assez semblables pour tomber tous les cinq amoureux de la fille de la ville. La fille de la ville, personnage énigmatique qui nous intrigue tout au long de notre lecture, on pourrait la comparer à un rêve, cette fille qu'ils aiment tant. Cette année, elle revient pendant les vacances, et ils comptent bien mettre le paquet pour l'impressionner ! C'est là que des soucis se posent, des petites embûches semées par-ci par-là qu'ils vont devoir contourner, ensemble, afin de montrer à leur bien-aimée de quoi ils sont capables. Ils ne se nomment pas l’Équipe pour rien ! Ce sont des personnages très atypiques car les gars de la campagne, ça ne cause pas comme une fille de la ville, justement. Ils parlent à leur manière, ils ont un vocabulaire qui, en plus d'être familier, est propre à eux-même : quelque chose que nous n'avons pas l'occasion de voir tous les jours, dans nos lectures habituelles, ça nous fait justement sortir de nos genres favoris pour nous faire découvrir un peu de nouveauté.

C'est là que mon avis devient plus difficile à écrire : j'ai été séduite par l'histoire dans sa globalité, une fois que j'ai terminé le livre, mais le début ne m'a pas énormément convaincue, j'appréhendais la suite (heureusement, tout s'est bien passé ensuite pour que j'apprécie ma lecture). C'est un style spécial étant donné qu'on a justement affaire à des personnages peu communs d'où leurs origines, leur mentalité et donc leur vocabulaire villageois. Et un bon nombre de personnages avec de nombreux surnoms qui rendent le début du roman un peu brouillon, jusqu'à ce que tout se stabilise et qu'on comprenne – et qu'on adore ! Je dirais donc que les lecteurs pourraient être assez perdus au début du roman, mais si vous avez envie de lire une belle histoire d'amitié, il ne faut pas hésiter, vous pouvez être sur de découvrir un récit qui sort de l'ordinaire !

La plume de l'auteur est donc agréable à lire, amusante à découvrir et drôle à traduire. Le style des campagnards est gardé tout au long du récit, on s'y habitue avec facilité, et surtout on découvre des idées étonnantes dans l'esprit de Boris Lanneau. J'ai adoré la tournure que prend l'histoire, vraiment. Les idées de l'auteur, tous les événements qui se produisent, qui s'enchaînent, pour une conclusion qui nous donne le sourire, qui nous amuse, et c'est ce que j'ai le plus apprécié : c'est comme si cette histoire avait une morale. Une morale que je ne vous dirai pas, évidemment, car pour la découvrir, il faut lire ce livre, afin de ressentir tout le plaisir de la trouver, de l'apprécier, d'y réfléchir et de l'approuver.

C'est donc un roman qui sort grandement de mes lectures habituelles, au niveau du style, tout était très nouveau pour moi. Malgré mes appréhensions, j'ai aimé découvrir ce genre, j'ai aimé les personnages et j'ai surtout aimé les idées qui ont donné un fil particulier à l'histoire. La fin du roman m'a vraiment plu, et elle a effacé les petits défauts qui pouvaient rendre cette lecture moins passionnante. Je vous conseille donc ce roman en sachant très bien qu'il ne plaira pas à tous, mais je le conseille tout de même : soyez aventureux, soyez curieux, ayez cette folle envie de découvrir un style nouveau !

Un bon roman qui sort de l'ordinaire.