13 juillet 2016

Mauv@ise connexion - Jo Witek.

« La poésie m'offrait une ultime croyance en la beauté du monde. »

Auteur : Jo Witek.
Éditions : Talents Hauts (collection Ego).
Genre : Jeunesse.
Année de sortie 2012.
Nombre de pages : 95.

Synopsis : « Je me suis inscrite sur un nouveau tchat. J'ai tapé Marilou. Je trouvais que ce pseudo correspondait bien à la fille que j'avais envie d'être. Plus sexy, plus délurée, plus effrontée aussi. Marilou, une autre moi-même. Une fille qui l'a tout de suite attiré. - Bonjour, Marilou. C'est joli comme prénom. T'as quel âge ? J'ai menti : Seize. Et toi ? - Vingt. Mentait-il lui aussi ? Je ne me suis pas vraiment posé la question, trop heureuse de partager ma tristesse nocturne avec un garçon. J'ai poursuivi. - Je viens de me disputer avec ma mère. Elle refuse que je fasse des photos de mode. - Elle doit être jalouse de ta beauté. - Merci. Je crois que tu as raison. - Je sais de quoi je parle, je suis photographe de mode. - C'est vrai ? - Oui, pour des défilés à Paris et des shooting magazines. On peut la voir quelque part ta jolie frimousse, Marilou ? Voilà. Ça a commencé comme ça. »
Mon avis :
Jo Witek était présente à la Comédie du livre 2016, l'occasion pour moi de la rencontrer et d'acheter un de ses livres afin de découvrir sa plume. J'ai choisi un roman de la collection Ego parce qu'ils sont courts mais très puissants. Et ça n'a pas loupé.

C'est un roman choc, comme chaque titre de la collection Ego qui défend de nombreuses causes avec des auteurs talentueux. Ici, nous suivons Julie, une jeune fille de 14 ans qui s'inscrit sur un tchat et crée un double d'elle-même, Marilou, 16 ans, adolescente plus sexy, plus confiante, plus entreprenante. Julie s'enfonce de plus en plus dans les mensonges, dans le danger. Et c'est ce dont parle l'auteur, les dangers d'internet. On s'attache beaucoup à Julie, à ses rêves d'enfance, à son désir de vivre une belle histoire d'amour, à son espoir et à sa naïveté. Parce que ça n'arrive pas qu'aux autres, et que ça n'arrive pas qu'aux personnes différentes, moins aimées, moins choyées par leurs parents. Ça peut arriver à tout le monde. C'est un filet dont les mailles se referment petit à petit sur la proie, au point que cette dernière ne comprend plus quelle est la limite entre le coupable et la victime. Une confusion qu'il faut effacer, écraser, enlever des esprits. On suit cette descente aux enfers qui nous fascine autant qu'elle nous répugne. J'ai été secouée par cette petite lecture qui a su me faire éprouver de grandes choses en un léger nombre de pages. Énervée, choquée, révoltée, émue, mes yeux se sont remplis de larmes, mon cœur accélérait. C'est un roman au style très simple mais si prenant et à l'histoire si juste que je le recommande à tout le monde, il est à mes yeux à mettre entre les mains des plus jeunes pour prévenir, avertir, afin d'éviter de devoir guérir par la suite.

Une chronique courte, tout comme ce roman choc. Un message si fort passé par l'auteur qui se bat pour que ce genre de situation n'existe plus. J'ai été fascinée par cette histoire bouleversante. Mes yeux étaient humides, mon cœur battait la chamade, et je remerciais sans cesse l'auteur à l'intérieur de moi, pour véhiculer des valeurs très importantes, de l'humanité. Merci Jo Witek pour cette lecture qui est à mettre entre les mains de tout le monde, et surtout des plus jeunes, très exposés sur internet à notre époque.

Un roman fort, choc.

7 juillet 2016

Quand la nuit devient jour - Sophie Jomain.

« Être libre de mourir comme on le souhaite, c’est aussi être libre de vivre comme on l’entend. »

Auteur : Sophie Jomain.
Éditions : Pygmalion.
Genre : Contemporain.
Année de sortie 2016.
Nombre de pages : 238.

Synopsis : « On m’a demandé un jour de définir ma douleur. Je sais dire ce que je ressens lorsque je m’enfonce une épine dans le pied, décrire l’échauffement d’une brûlure, parler des nœuds dans mon estomac quand j’ai trop mangé, de l’élancement lancinant d’une carie, mais je suis incapable d’expliquer ce qui me ronge de l’intérieur et qui me fait mal au-delà de toute souffrance que je connais déjà. La dépression. Ma faiblesse. Le combat que je mène contre moi-même est sans fin, et personne n’est en mesure de m’aider. Dieu, la science, la médecine, même l’amour des miens a échoué. Ils m’ont perdue. Sans doute depuis le début. J’ai vingt-neuf ans, je m’appelle Camille, je suis franco-belge, et je vais mourir dans trois mois. Le 6 avril 2016. Par euthanasie volontaire assistée. »

Mon avis :
Je ne connaissais Sophie Jomain que de nom, et lorsque que j'ai découvert ce roman, je me suis dit qu'il fallait que je le lise, pour connaître sa plume mais surtout pour lire cette histoire qui me semblait si dure et si complexe. Je me suis lancée dans ce livre et je remercie les éditions Pygmalion pour cet envoi si bouleversant.

Camille n'a pas encore trente ans, mais elle sait déjà qu'elle ne veut pas fêter cet anniversaire là. Souffrant de dépression depuis son adolescence, elle ne supporte plus de vivre et décide de mettre fin à ses jours de manière légale, par euthanasie volontaire assistée. Un sujet très difficile, très fort, avec un personnage qui nous trouble et nous intrigue. Comment peut-on vouloir mourir lorsque l'on a de nombreuses années devant soi ? Lorsque l'espoir peut revenir ? Ce sont quelques questions parmi toutes celles que je me posais à propos de ce personnage si fragile tout en étant déterminé comme jamais. J'ai beaucoup apprécié Camille, ce qui rendait la fin de ce livre d'autant plus redoutée, parce que je ne voulais pas la quitter. Ce livre est aussi rempli d'espoir que de désespoir, c'est étrange mais vrai, ça m'a perturbée, mais j'ai beaucoup aimé.

Nous suivons Camille dans les procédures administratives de sa décision, dans son internement à l'endroit où elle vivra ses trois derniers mois. On essaie de comprendre, d'apprendre, on assiste à des moments difficiles, mais aussi à de nouvelles rencontres qui font naître de l'espoir en nous. Au delà de la difficulté de son choix, il faut aussi imaginer la réaction de la famille, de l'entourage. Camille se bat pour réussir à franchir les obstacles qui se dressent face à elle. Étonnamment, j'ai trouvé cette histoire très belle. Je ne veux même pas vous dire pourquoi j'ai trouvé du beau dans toute cette tristesse, je veux simplement que vous lisiez ce livre, afin que vous compreniez pourquoi j'ai ressenti tout ça, pourquoi j'ai souri et j'ai pleuré aussi. Vous verrez, c'est dur, mais c'est aussi incroyablement beau et touchant. J'ai ressenti tant d'émotions différentes.

Je suis très heureuse d'avoir découvert la plume de Sophie Jomain à travers ce roman si complexe, si bouleversant. J'ai pu voir à quel point elle savait manier son stylo pour accrocher le lecteur à l'histoire et lui faire ressentir toutes les émotions de Camille. J'ai adoré son style, ses idées et sa manière de les mettre en place. Je n'hésiterai pas à lire un autre roman de cette auteur talentueuse.

J'ai refermé ce livre avec l'esprit retourné par tant d'émotions contradictoires. J'ai ressenti énormément de choses, j'ai découvert la très jolie plume de Sophie Jomain, j'ai pleuré et j'ai souri, j'ai cru en certaines choses, j'ai vu poindre le désespoir, j'ai fermé ce livre et j'ai réfléchi. J'ai trouvé cette histoire aussi bouleversante que sublime, alors j'espère que cela en sera de même pour vous.

Une lecture bouleversante.

4 juillet 2016

La théorie du grand tout - J.J. Johnson.

« J'ai chialé pendant des heures le jour où Jamie est morte, et à ses funérailles aussi, et un nombre incalculable de fois depuis, mais c'est comme essayer de vider l'océan avec des seaux d'eau : t'as beau écoper, ça reste la mer à perte de vue. »

Auteur : J.J. Johnson.
Éditions : Alice, collection Tertio.
Genre : Jeunesse.
Année de sortie 2016.
Nombre de pages : 464.

Synopsis : « Ce n’est pas parce que tout le monde pense que tu devrais tourner la page que tu es prêt à le faire. Sarah, 15 ans, a perdu sa meilleure amie dans un terrible accident et n’arrive pas à s’en remettre. Son arme : le cynisme. Plus rien n’a d’importance. Jusqu’à cette drôle de rencontre… »


Mon avis :
C'est le résumé très vague de ce roman, sa sublime couverture ainsi que son fabuleux titre qui m'ont donné envie de découvrir ce roman adolescent. Le sujet est fort, difficile, et j'avais très envie de savoir comment l'auteur amènerait son personnage à aller mieux après le terrible événement qu'il venait de vivre. Merci aux éditions Alice pour ce roman.

Sarah a 15 ans et ce qu'on retient d'elle dès la première rencontre, c'est qu'elle fait preuve de cynisme en permanence. Vu d'extérieur, c'est un véritable défaut, mais lorsqu'on apprend à la connaître, on sait que tout cela vient de la mort de Jamie, sa meilleure amie, qui a perdu la vie devant ses yeux. Jamie est un personnage que nous aurions adoré connaître, Sarah ne cesse de nous le sous-entendre, mais nous nous n'avons qu'elle, et personnellement je l'ai trouvée très attachante. Son caractère et sa manière de parler ainsi que ses pensées m'ont rappelé mes années d'adolescence, avec toutes les questions qui tournent autour de cette période. C'était une héroïne vraie, sensible, touchante et pénible aussi parfois, mais c'est ce qui la rendait si unique. La drôle de rencontre qu'elle va faire pourrait bien changer sa vie…

Dès les premières pages, une grande intrigue s'annonce : comment est décédée Jamie ? On comprend que cette question traumatise Sarah qui a assisté à la scène, mais notre curiosité nous pousse à attendre impatiemment le moment où elle nous le racontera. Et au-delà de cet événement traumatisant, Sarah a aussi des problèmes plus habituels propres à l'adolescence, la distance avec son petit copain, ses notes, l'autorité de ses parents. Si on y ajoute son côté cynique, on comprend qu'elle a du mal avec le social. La rencontre qu'elle va faire risque de changer beaucoup de choses pour elle et pour son entourage. J'ai adoré tout ce suspens, tous ces petits éléments qui s'emboîtent les uns les autres pour ajouter du mystère à l'histoire, mais aussi des indices qui nous permettent d'y songer, d'avoir nos propres hypothèses. J'étais toujours très impatiente de retourner dans l'histoire pour retrouver Sarah et poursuivre vers les changements qui arrivent dans sa vie – et, bien évidemment, à chaque fois que je devais interrompre ma lecture, le suspens était à son maximum (bah oui, sinon ça serait pas rigolo).

La plume de l'auteur est propre au personnage de Sarah : simple, familière parfois mais cela fait qu'on s'y retrouve. Le cynisme de l'adolescente permet ce côté unique du style, j'ai rarement eu à faire à des personnages aussi caractériels, et ça m'a drôlement plu. Et la petite touche personnelle de l'auteur, ce sont ses petits schémas/graphiques avant chaque nouveau chapitre. Je ne vous en dis pas plus pour ne pas vous gâcher la surprise, mais ils étaient vraiment amusants et justes, au fond. Ça rendait l'histoire encore plus agréable à retrouver à chaque plongeon au cœur du roman.

Je suis ravie de cette lecture touchante et émouvante dans laquelle je me suis facilement retrouvée grâce au style simple et familier de l'auteur. C'était un roman passionnant avec des intrigues intéressantes et bien menées pour une fin qui m'a surprise et mis le sourire aux lèvres. Je vous recommande vraiment cette histoire adolescente qui est profonde à certains moments et légères à d'autres, rendant le tout absolument fabuleux à lire.

Une excellente lecture.

1 juillet 2016

Le ciel est partout - Jandy Nelson.

« Sur les photos de nous,
elle regarde toujours vers l'objectif
et moi, vers elle. »

Auteur : Jandy Nelson.
Éditions : Gallimard, collection Pôle-Fiction.
Genre : Jeunesse.
Année de sortie 2010.
Nombre de pages : 413.

Synopsis :
« « Je suis censée pleurer la mort de ma sœur, pas tomber amoureuse… »
Comment Lennie peut-elle continuer à vivre après une telle tragédie ?
A-t-elle encore le droit de plaire et de désirer ?
D'être heureuse, de rire ? Parfois, il faut tout perdre pour se trouver... »


Mon avis :
Je ne connaissais pas la plume de Jandy Nelson avant de découvrir ce roman, qu'une amie me conseille depuis des années : il s'agit de son livre préféré de tous les temps, et ma curiosité m'a poussée à vouloir comprendre pourquoi. Je me suis envolée vers ce ciel si bleu, et j'ai compris, dès le début, que ce roman allait me plaire, me donner le sentiment d'être sur un nuage.

Lennie n'est plus que la moitié d'elle-même : sa sœur Bailey est décédée quelques semaines plus tôt. Alors que tout lui semble désespéré, elle commence à éprouver des émotions qui lui donnent envie de recommencer à vivre. Ces dernières font naître en elle un affreux sentiment de culpabilité : comment peut-elle désirer profiter de la vie alors que sa sœur n'en a plus le droit ? L'auteur fait de Lennie un personnage d'une justesse incroyable. Elle représente tout ce qu'est un adolescent pendant cette période si complexe, avec la confusion des émotions et leur contradiction. C'est une jeune fille attachante, courageuse, qui a besoin de temps pour mettre des mots sur ce qu'elle ressent et qui adore écrire des poèmes.

Lennie ne se remet pas vraiment de cette tragédie, mais tout lui tombe soudainement dessus, l'amour qui entraîne la peur, la confusion, parfois même la honte. Les poèmes que l'adolescente écrit pour faire sortir ses émotions touchent le lecteur en plein cœur et décrivent si bien le deuil, l'amour, le lien de deux sœurs, la solitude, la perte. Chacun d'entre eux nous permet de découvrir Lennie un peu plus, de tenter de la comprendre. Elle a peur de tomber amoureuse, mais elle se dit aussi qu'elle ne peut pas se priver, et que ce n'est pas ce que sa sœur aurait voulu. Ce livre fait passer du sourire aux larmes, et des pleurs aux sourires. Le deuil est abordé avec une très grande justesse, ce qui émeut tout au long du récit, il laisse aussi place à des émotions plus joyeuses, à l'amour, l'amitié, la famille, les passions. J'ai été envoûtée par ce tourbillon de sentiments si profonds, je suis tombée amoureuse des personnages de Jandy Nelson car elle fait d'eux des hommes et des femmes, tout simplement, des personnes qui font des erreurs, qui ne sont pas parfaites, qui se trompent, recommencent, qui apprennent et qui évoluent. Quel bonheur d'évoluer à leurs côtés.

S'il y a bien une chose dont il faut parler lorsqu'on souhaite vous conseiller ce livre, c'est de la merveilleuse plume de l'auteur. On est avec Lennie, on est près d'elle, on ressent comme elle. Nos émotions font des montagnes russes, tout cela grâce à la poésie de Jandy Nelson aussi présente dans le récit que dans les poèmes de Lennie qui sont écrits entre chaque chapitre. Ces poèmes sont à mes yeux ce qui fait la perfection de ce roman. Ils étaient beaux, si beaux que je pourrais les relire sans cesse, les écrire en moi afin de les connaître par cœur, et y repenser quand je sens qu'ils peuvent m'aider. Oui, c'est un roman adolescent, mais il aborde ce que tout le monde peut vivre un jour, et ça, c'était fait avec un immense talent.

Je ressors de cette lecture éblouie par l'immensité du ciel, par la magie de ce livre, par la justesse des personnages, par la beauté des mots. Je ressors de cette lecture en étant changée, émerveillée, aidée. Ce livre et ses poèmes font un bien immense, tout en devient passionnant. Je n'ai rien à dire de plus si ce n'est : lisez ce roman. Vraiment. Jandy Nelson est une auteur à découvrir.

Un coup de cœur.