30 mars 2016

Journal d'un vampire en pyjama - Mathias Malzieu.

« Je vais entamer une carrière d'homme poétique. »

Auteur : Mathias Malzieu.
Éditions : Albin Michel.
Genre : Autobiographie.
Année de sortie 2016.
Nombre de pages : 230.

Synopsis : « Me faire sauver la vie est l'aventure la plus extraordinaire que j'aie jamais vécue. »

Mon avis :
Mathias Malzieu est l'auteur de nombreuses petites merveilles, La mécanique du cœur, Maintenant qu'il fait tout le temps nuit sur toi… des romans aussi beaux que féeriques. Ici, c'est différent, car il nous raconte sa vie, son aventure contre la maladie. Une autobiographie qui reste tout de même dans son style habituel, avec la peur en plus. J'ai offert ce livre à mon amoureux et ça tombe bien car j'ai pu lui voler pour le lire à mon tour, l'aimer à mon tour.

Mathias Malzieu passe sa vie à écrire, jouer pour son groupe, faire du skate, embrasser un peu Rosy jusqu'au jour où sa santé ne le suit plus. Peu à peu il devient pâle, fatigué, et il aura bientôt besoin du sang des autres pour survivre. Il se transforme en vampire. Ce roman, c'est son aventure face à la maladie, face à Dame Oclès qui le menace, qui lui fait peur. Mais c'est normal d'avoir peur quand on ne sait jamais si le lendemain aura lieu, ou si on s'endormira pour toujours dans la nuit. Alors il va nous raconter cette expérience qu'il qualifie d'extraordinaire. Il nous raconte les jours où l'espoir était là, mais aussi ceux où il avait disparu. On apprend quels sont les endroits où il est allé, quelles sont les personnes qu'il a rencontrées, comment réagissaient les infirmières et les médecins face à lui, face à son état, face à ses craintes. On sait comment l'histoire se finira, mais on ne peut s'empêcher d'avoir peur. On se questionne sur la vie. On se demande pourquoi ça arrive à certains, et pas à d'autres. Mathias Malzieu nous dresse un très beau portrait de toutes les personnes qui l'ont aidé sur ce chemin sinueux, tout en nous parlant de la solitude que l'on peut ressentir dans ces moments-là. Des amis qui soudainement ne sont plus les nôtres. Il nous dit tant de choses, sans aucune peur de se confier, sans aucune honte, il nous raconte, il nous fait rejoindre le navire et on l'accompagne durant ce périple.

Il reste fidèle à lui-même dans l'écriture de ce livre. J'ai eu beaucoup de mal à relever de jolies citations parce que le roman entier en est une. Sa plume est magique, il n'y a pas de mot qui la qualifierait mieux que celui-ci. Elle fait briller nos yeux quand tout nous paraît sans espoir, mais elle crée aussi de jolis sourires sur notre visage malgré la tristesse de l'histoire. Il sait tout faire avec les mots, même quand une scène nous paraît affreuse, lui, il nous fait rire, comme si nous n'étions plus les maîtres de nos propres émotions, alors qu'on devrait pleurer, on devrait crier. Mais non, nous, on sourit. Et ça ce n'est même plus du talent, c'est un don qu'il possède. Il met un peu de magie dans chacun de ses romans puis il nous ensorcelle. C'était vraiment une lecture extraordinaire.

Ce roman est différent de tous les autres, mais il leur ressemble aussi car la plume de l'auteur est toujours la même, toujours aussi magique. Il faut vraiment qu'il songe à se lancer dans une carrière d'homme poétique, je serai la première à voter pour lui. On peut tous un jour être confronté à Dame Oclès, ce livre nous le rappelle, ce livre nous touche et il nous donne aussi énormément d'espoir, c'est ça le principal à mes yeux. Alors découvrez cette histoire, découvrez ce morceau de vie de Mathias Malzieu, vous découvrirez sa plume par la même occasion et vous verrez que des auteurs aussi talentueux, on n'en lit pas tous les jours. Il est une perle rare de la littérature.

Une aventure extraordinaire.

3 mars 2016

Laisse brûler - Antoine Dole.

« Ça leur suffit à tous : les apparences. »

Auteur : Antoine Dole.
Éditions : Sarbacane, collection Exprim.
Genre : Contemporain, Jeunesse.
Année de sortie 2010.
Nombre de pages : 189.

Synopsis : «Il y a Noah, abonné à « l’auto-lynchage mental », qui se gave de rancœur et de médicaments depuis six ans – depuis qu’un certain Julien l’a anéanti. Ses journées, il les passe assis sur un banc, en bas de l’endroit où c’est arrivé. Il y a Maxime, scénariste-télé raté, qui tombe amoureux de Noah juste au moment où celui-ci rompt avec lui : et ce qu’il croit d’abord être une banale rupture fait exploser sa vie. Et puis il y a Julien, animateur-vedette d’une petite chaîne câblée, qui s’éveille nu, dans une cave, ligoté à une chaise... Noah, Julien, Maxime : trois trajectoires qui se croisent et s’embrassent pour mieux s’embraser. À l’origine de ce triangle noir, un secret profond, abyssal ; le brasier d’une plaie ouverte qui consume les êtres et les pousse aux pires folies.»
Mon avis :
Antoine Dole est l'auteur de Je reviens de mourir et A copier cent fois. Deux romans forts, chacun à leur manière, et deux romans qui choquent, qui réveillent. Il possède un style unique, et cela faisait longtemps que je ne m'étais pas replongée dans l'une de ses histoires. Une chose est sûre : dès que l'on termine un de ses romans, on cherche partout où est-ce qu'on pourrait en lire un autre. C'est comme une addiction.

Trois personnages, trois chemins qui se croisent et qui s'éloignent. Noah, anéanti par un certain Julien, enchaîne les médicaments. Maxime, qui était amoureux de Noah quand ce dernier a rompu, va prendre des décisions qui bouleverseront sa vie. Et Julien, lui, se réveille nu dans une cave, ligoté. Trois hommes, amoureux des hommes, souffrant à cause des hommes. Ils sont torturés par leurs pensées les plus profondes, et suivre ces longs monologues intérieurs si sombres sont des moments aussi passionnants qu'horrifiants. Ils sont perdus, déçus de cette société, terrifiés par les autres, et par eux-même. On s'attache à Noah pour ses blessures qui nous sont au début inconnues. On apprécie Maxime pour ses sentiments si intenses. On plaint Julien pour sa situation actuelle, on commence par le détester, et finalement on ne sait plus trop. On ne sait jamais vraiment, avec ce livre, si ce n'est qu'on lit une histoire extraordinaire.

Cette histoire dénonce des choses si importantes de notre société, de l'homme, de sa cruauté, de son animalité ainsi que de son inhumanité, parfois. Je ne peux pas vous dire ce qui est dénoncé, je ne veux rien vous révéler, il faut lire ce roman choc pour savoir. C'est une réalité si peu abordée par les médias, par les auteurs, mais elle existe, et je ne peux que remercier Antoine Dole pour savoir mettre les mots sur ce que d'autres n'osent même pas évoquer. On suit la déchéance de Noah, et on en apprend davantage sur toutes les cicatrices invisibles de son être. Un personnage qui m'a fait ressentir de l'espoir, finalement, bien que je ne m'y serais pas attendue. Puis on suit Maxime, son cœur brisé, sa folie, ses idées, sa déprime. Un personnage qui montre le côté extrême de l'homme, ses prises de décision trop souvent soudaines. Et Julien, qui se retrouve là sans comprendre, Julien qui se remet en question, sans cesse. Les situations les plus soudaines peuvent mettre les gens face à eux-même sans qu'ils ne s'en aperçoivent.

Antoine Dole garde son style si cru, si violent, si choquant. Il veut nous marquer, nous montrer à quel point certaines choses ne fonctionnent pas, ici, sur Terre, entre nous et les autres, entre les autres entre eux. Sa plume n'hésite pas sur les mots, sur les situations, elle nous dévoile des réalités dans leurs aspects les plus sombres. C'est retournant, c'est perturbant, et une fois le livre fini, on en ressort changé. Chamboulé. Anéanti. On en veut davantage mais on est heureux que ça s'arrête. Que d'émotions contradictoires. On parle de l'Homme, en général, de l'homosexualité, aussi, ainsi que des préjugés qui poursuivent l'homme, et l'Homme. On parle de tout, de manière unique.

Ce livre n'est pas un coup de cœur : il a plutôt fait brûler mon cœur. Est-ce différent ? Est-ce plus fort ? Je n'en sais rien, je laisse brûler. Si j'en dis trop sur ce livre, je vous dévoile un peu l'histoire, ce que je refuse. Mais là, j'ai l'impression de ne pas en dire assez pour vous convaincre. C'est un livre qu'il faut lire, je ne sais pas comment vous persuader de l'acheter, mais j'aimerais vraiment que vous le découvriez. C'est au-delà de tout ce que vous avez pu lire jusqu'à maintenant, ça va vous perturber, certes, mais vous allez aussi réfléchir à énormément de choses, suite à cette lecture.

Un livre unique, retournant, brûlant.

2 mars 2016

Audrey retrouvée - Sophie Kinsella.

« Mlle Audrey est en route pour les étoiles. »

Auteur : Sophie Kinsella.
Éditions : Pocket Jeunesse.
Genre : Chick-lit, Jeunesse.
Date de sortie 3 mars 2016.
Nombre de pages : 299.

Synopsis : « Audrey a 14 ans. Elle souffre de troubles anxieux. Elle vit cachée derrière ses lunettes noires, recluse dans la maison de ses parents à Londres. Ça, c'était avant. Avant que Dr Sarah, son psychiatre, lui demande de tourner un film sur sa famille, pour voir la vie d'un oeil nouveau : celui de la caméra. Avant que Linus, un copain de son frère, débarque. Avec son grand sourire et ses drôles de petits mots griffonnés sur le coin d'une feuille, il va pousser Audrey à sortir. Et à redécouvrir le monde... »

Mon avis :
Un livre où l'héroïne porte mon prénom, je ne pouvais pas passer à côté de ça, c'est bien la première fois que ça m'arrive. En plus, un livre écrit par une très célèbre auteur que je n'avais encore jamais lue, je pouvais encore moins laisser passer cette chance. Et puis l'histoire avait l'air à la fois profonde et amusante, de quoi me faire passer un beau moment. Merci aux éditions Pocket Jeunesse de m'avoir permis de découvrir ce roman.

Audrey est jeune, et elle souffre de troubles qui l'empêchent de pouvoir vivre comme tout le monde. Ses lunettes noires sur le nez, elle passe son temps à se cacher, jusqu'à sa rencontre avec Linus ainsi que son projet de faire un film sur sa famille. Deux événements capables de chambouler sa vie. Audrey vit très mal son état, mais elle est forte et elle ne cesse de se battre. C'est une héroïne plus qu'attachante, et je me sentais encore plus proche d'elle parce que dès que quelqu'un la nommait, je me sentais nommée aussi (drôle d'expérience). Elle est touchante, elle paraît toute fragile et en même temps si sûre d'elle parfois. On aimerait la prendre dans nos bras. L'auteur a un don pour nous offrir sur un plateau des personnages tous très différents et si amusants. La mère d'Audrey n'a pas cessé de me faire rire, et tous les autres personnages non plus, chacun à leur manière. C'était diversifié et envoûtant, cette famille était si dingue qu'elle en devenait follement attachante.

On va suivre Audrey dans les étapes d'une peut-être future guérison. Et à travers ces étapes, on se demande ce qu'elle a pu subir pour en arriver là. Plein de questions qui se posent à nous, et Audrey qui tente d'y répondre au fur et à mesure qu'avance l'histoire. Une histoire qui aborde des thèmes graves, comme la dépressions ainsi que ses causes possibles lorsque l'on a que 14 ans, mais aussi des thèmes plus amusants comme l'addiction des jeunes aux jeux vidéos, et j'en passe. L'auteur sait mélanger avec brio les différents sujets pour pouvoir aborder ce qui est important en nous faisant sourire. Je pouvais être très émue, puis la minute d'après me retrouver à exploser de rire devant mon livre en vérifiant dans ma maison que personne ne me regarde avec un air étrange (oui oui, j'ai vraiment explosé de rire, cette auteur est pire que talentueuse en fait). C'était un moment tellement bon, tellement agréable que de lire ce livre, de se plonger dans l'histoire, avec Audrey. J'ai vraiment adoré cette histoire, de la première à la dernière page.

Je suis ravie de ma découverte, je ne connaissais pas Sophie Kinsella et à présent, heureusement, c'est chose faîte. Car je serais passée à côté de quelque chose de fort si je ne m'étais pas plongée dans ce livre. C'est une écriture simple, un style qui paraît normal, mais il n'est pas comme les autres parce que lui, il a le pouvoir de vous faire rire comme jamais, de vous faire sourire, de vous rendre triste, de laisser couler des larmes sur vos joues. Et puis on suit aussi la caméra d'Audrey lorsqu'elle filme sa famille, des moments qui permettent de varier un peu la narration. De quoi vous faire passer quelques heures de lecture juste formidables, après lesquelles vous ne pourrez qu'avoir un grand sourire sur le visage.

J'ai vraiment été surprise par ce livre. Il réunit tant de sujets, qui sont tous plus ou moins graves, et qui sont traités avec brio par une auteur qui sait nous faire rire ou pleurer dès qu'elle le souhaite. Je me suis attachée aux personnages, à cette famille, et j'ai adoré découvrir cette histoire qui a su me faire sourire, même une fois que j'avais tourné la dernière page. Je ressors de ma lecture vraiment heureuse, et je veux que vous soyez heureux aussi, alors lisez ce merveilleux roman, vraiment.

Un coup de cœur.