3 mars 2016

Laisse brûler - Antoine Dole.

« Ça leur suffit à tous : les apparences. »

Auteur : Antoine Dole.
Éditions : Sarbacane, collection Exprim.
Genre : Contemporain, Jeunesse.
Année de sortie 2010.
Nombre de pages : 189.

Synopsis : «Il y a Noah, abonné à « l’auto-lynchage mental », qui se gave de rancœur et de médicaments depuis six ans – depuis qu’un certain Julien l’a anéanti. Ses journées, il les passe assis sur un banc, en bas de l’endroit où c’est arrivé. Il y a Maxime, scénariste-télé raté, qui tombe amoureux de Noah juste au moment où celui-ci rompt avec lui : et ce qu’il croit d’abord être une banale rupture fait exploser sa vie. Et puis il y a Julien, animateur-vedette d’une petite chaîne câblée, qui s’éveille nu, dans une cave, ligoté à une chaise... Noah, Julien, Maxime : trois trajectoires qui se croisent et s’embrassent pour mieux s’embraser. À l’origine de ce triangle noir, un secret profond, abyssal ; le brasier d’une plaie ouverte qui consume les êtres et les pousse aux pires folies.»
Mon avis :
Antoine Dole est l'auteur de Je reviens de mourir et A copier cent fois. Deux romans forts, chacun à leur manière, et deux romans qui choquent, qui réveillent. Il possède un style unique, et cela faisait longtemps que je ne m'étais pas replongée dans l'une de ses histoires. Une chose est sûre : dès que l'on termine un de ses romans, on cherche partout où est-ce qu'on pourrait en lire un autre. C'est comme une addiction.

Trois personnages, trois chemins qui se croisent et qui s'éloignent. Noah, anéanti par un certain Julien, enchaîne les médicaments. Maxime, qui était amoureux de Noah quand ce dernier a rompu, va prendre des décisions qui bouleverseront sa vie. Et Julien, lui, se réveille nu dans une cave, ligoté. Trois hommes, amoureux des hommes, souffrant à cause des hommes. Ils sont torturés par leurs pensées les plus profondes, et suivre ces longs monologues intérieurs si sombres sont des moments aussi passionnants qu'horrifiants. Ils sont perdus, déçus de cette société, terrifiés par les autres, et par eux-même. On s'attache à Noah pour ses blessures qui nous sont au début inconnues. On apprécie Maxime pour ses sentiments si intenses. On plaint Julien pour sa situation actuelle, on commence par le détester, et finalement on ne sait plus trop. On ne sait jamais vraiment, avec ce livre, si ce n'est qu'on lit une histoire extraordinaire.

Cette histoire dénonce des choses si importantes de notre société, de l'homme, de sa cruauté, de son animalité ainsi que de son inhumanité, parfois. Je ne peux pas vous dire ce qui est dénoncé, je ne veux rien vous révéler, il faut lire ce roman choc pour savoir. C'est une réalité si peu abordée par les médias, par les auteurs, mais elle existe, et je ne peux que remercier Antoine Dole pour savoir mettre les mots sur ce que d'autres n'osent même pas évoquer. On suit la déchéance de Noah, et on en apprend davantage sur toutes les cicatrices invisibles de son être. Un personnage qui m'a fait ressentir de l'espoir, finalement, bien que je ne m'y serais pas attendue. Puis on suit Maxime, son cœur brisé, sa folie, ses idées, sa déprime. Un personnage qui montre le côté extrême de l'homme, ses prises de décision trop souvent soudaines. Et Julien, qui se retrouve là sans comprendre, Julien qui se remet en question, sans cesse. Les situations les plus soudaines peuvent mettre les gens face à eux-même sans qu'ils ne s'en aperçoivent.

Antoine Dole garde son style si cru, si violent, si choquant. Il veut nous marquer, nous montrer à quel point certaines choses ne fonctionnent pas, ici, sur Terre, entre nous et les autres, entre les autres entre eux. Sa plume n'hésite pas sur les mots, sur les situations, elle nous dévoile des réalités dans leurs aspects les plus sombres. C'est retournant, c'est perturbant, et une fois le livre fini, on en ressort changé. Chamboulé. Anéanti. On en veut davantage mais on est heureux que ça s'arrête. Que d'émotions contradictoires. On parle de l'Homme, en général, de l'homosexualité, aussi, ainsi que des préjugés qui poursuivent l'homme, et l'Homme. On parle de tout, de manière unique.

Ce livre n'est pas un coup de cœur : il a plutôt fait brûler mon cœur. Est-ce différent ? Est-ce plus fort ? Je n'en sais rien, je laisse brûler. Si j'en dis trop sur ce livre, je vous dévoile un peu l'histoire, ce que je refuse. Mais là, j'ai l'impression de ne pas en dire assez pour vous convaincre. C'est un livre qu'il faut lire, je ne sais pas comment vous persuader de l'acheter, mais j'aimerais vraiment que vous le découvriez. C'est au-delà de tout ce que vous avez pu lire jusqu'à maintenant, ça va vous perturber, certes, mais vous allez aussi réfléchir à énormément de choses, suite à cette lecture.

Un livre unique, retournant, brûlant.

8 commentaires:

  1. Ta chronique donne envie, tu laisses le mystère planer, ça met l'eau à la bouche ! ^^

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  2. J'en prends note, tu m'as donné envie de découvrir ce roman qui m'était inconnu ! :)

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  3. Waouh... Que dire après cette si belle chronique ? Ce livre a l'air incroyablement juste et poignant. C'est le genre de lecture que j'aime par dessus tout découvrir, car on est surprit et touché en plein coeur alors qu'on ne s'y attend pas forcement. De plus, que l'auteur dénonce un sujet important dans notre société c'est le genre de détail qui me fait aimer un livre à la folie... Merci pour cette belle chronique Audrey, tu m'épates toujours dans ta façon d'exprimer ton ressenti, c'est troublant.

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  4. Tu m'as vraiment intrigué avec cette chronique et la vidéo où tu en parles ... Je l'ai mis dans ma wish-list :p

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  5. Salut! Je t'ai nommé, ainsi que ton blog, sur un des mes articles (Tag - Portait Chinois Livresque), j'espère que ça ne te dérange pas. Tu es super,comme blogueuse et comme "booktubeuse", continue!

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  6. Cette histoire me tente bien. Merci pour ta chronique

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