24 septembre 2015

La fille de la ville - Boris Lanneau.

« La fille de la ville faisait des pointes sur la lune, elle avait les étoiles à ses pieds. »

Auteur : Boris Lanneau.
Éditions : Sarbacane (collection Exprim').
Genre : Jeunesse, Contemporain.
Année de sortie : 2015.
Nombre de pages : 293.

Synopsis : « Cinq potes à la vie à la mort, cinq gars de la campagne : ils se sur- nomment « l’Équipe ». Il y a Attila, le chef ; Dolby, le petit gros ; Dudu, celui qui conduit la 2-Chevaux, toujours bien coiffé dans ses chaussures bateau. Le quatrième, fou et footeux, c’est Jmenba, qui rêve de Gepffroy-Guichard. Et le dernier, c’est Rouge-Gorge, le poète. Cinq gars de la campagne, avec une 2-Chevaux et des rêves de fille de la ville – cette fille incroyable qui les a tous éblouis l’été dernier. Il paraît qu’elle revient le mois prochain. Tous veulent la conquérir, bien sûr… mais suite à une chasse au lièvre à fond la caisse, tout tombe à l’eau : la 2-Chevaux et les rêves. Heureusement, l’Équipe n’a pas dit son dernier mot ! »
Mon avis :
Les éditions Sarbacane ont des romans plus fous, plus amusants et plus passionnants les uns que les autres. Je m'attends donc toujours à plonger dans une lecture nouvelle, unique, et c'est ce que j'attendais de La fille de la ville, car rien que son résumé promettait de grandes choses. J'ai été surprise par ce livre, parfois dans le bon sens, parfois dans le mauvais (et heureusement le bon rattrape le mauvais), mais laissez-moi vous expliquer plus en détails mon ressenti sur ce récit.

L’Équipe est composée de cinq gars de la campagnes, qui sont amis depuis longtemps et qui comptent le rester à la vie à la mort. Cinq gars tous très différents, mais assez semblables pour tomber tous les cinq amoureux de la fille de la ville. La fille de la ville, personnage énigmatique qui nous intrigue tout au long de notre lecture, on pourrait la comparer à un rêve, cette fille qu'ils aiment tant. Cette année, elle revient pendant les vacances, et ils comptent bien mettre le paquet pour l'impressionner ! C'est là que des soucis se posent, des petites embûches semées par-ci par-là qu'ils vont devoir contourner, ensemble, afin de montrer à leur bien-aimée de quoi ils sont capables. Ils ne se nomment pas l’Équipe pour rien ! Ce sont des personnages très atypiques car les gars de la campagne, ça ne cause pas comme une fille de la ville, justement. Ils parlent à leur manière, ils ont un vocabulaire qui, en plus d'être familier, est propre à eux-même : quelque chose que nous n'avons pas l'occasion de voir tous les jours, dans nos lectures habituelles, ça nous fait justement sortir de nos genres favoris pour nous faire découvrir un peu de nouveauté.

C'est là que mon avis devient plus difficile à écrire : j'ai été séduite par l'histoire dans sa globalité, une fois que j'ai terminé le livre, mais le début ne m'a pas énormément convaincue, j'appréhendais la suite (heureusement, tout s'est bien passé ensuite pour que j'apprécie ma lecture). C'est un style spécial étant donné qu'on a justement affaire à des personnages peu communs d'où leurs origines, leur mentalité et donc leur vocabulaire villageois. Et un bon nombre de personnages avec de nombreux surnoms qui rendent le début du roman un peu brouillon, jusqu'à ce que tout se stabilise et qu'on comprenne – et qu'on adore ! Je dirais donc que les lecteurs pourraient être assez perdus au début du roman, mais si vous avez envie de lire une belle histoire d'amitié, il ne faut pas hésiter, vous pouvez être sur de découvrir un récit qui sort de l'ordinaire !

La plume de l'auteur est donc agréable à lire, amusante à découvrir et drôle à traduire. Le style des campagnards est gardé tout au long du récit, on s'y habitue avec facilité, et surtout on découvre des idées étonnantes dans l'esprit de Boris Lanneau. J'ai adoré la tournure que prend l'histoire, vraiment. Les idées de l'auteur, tous les événements qui se produisent, qui s'enchaînent, pour une conclusion qui nous donne le sourire, qui nous amuse, et c'est ce que j'ai le plus apprécié : c'est comme si cette histoire avait une morale. Une morale que je ne vous dirai pas, évidemment, car pour la découvrir, il faut lire ce livre, afin de ressentir tout le plaisir de la trouver, de l'apprécier, d'y réfléchir et de l'approuver.

C'est donc un roman qui sort grandement de mes lectures habituelles, au niveau du style, tout était très nouveau pour moi. Malgré mes appréhensions, j'ai aimé découvrir ce genre, j'ai aimé les personnages et j'ai surtout aimé les idées qui ont donné un fil particulier à l'histoire. La fin du roman m'a vraiment plu, et elle a effacé les petits défauts qui pouvaient rendre cette lecture moins passionnante. Je vous conseille donc ce roman en sachant très bien qu'il ne plaira pas à tous, mais je le conseille tout de même : soyez aventureux, soyez curieux, ayez cette folle envie de découvrir un style nouveau !

Un bon roman qui sort de l'ordinaire.

13 septembre 2015

Mauvais fils - Raphaële Frier.

« La vie tient à un fil électrique. »


Auteur : Raphaële Frier.
Éditions : Talents Hauts.
Genre : Jeunesse.
Année de sortie : 2015.
Nombre de pages : 95.

Synopsis :
 « Fils unique, Ghislain a du mal à être ce que l'on attend de lui : un bon élève, viril et surtout hétérosexuel. Devant ses résultats médiocres au lycée, son père le pousse à se former au métier d'électricien, un vrai métier d'homme. Après des journées à cacher des fils et poser des prises, Ghislain passe ses soirées dans des bars gays où il vit ses premières expériences sexuelles. Lorsque son père s'en aperçoit, il le met à la porte. Un suspens psychologique de bout en bout. »


Mon avis :
Je remercie les éditions Talents Hauts pour l'envoi de ce livre. Ce roman, ainsi que La porte de la salle de bain (chronique à venir) m'ont immédiatement sauté aux yeux lorsque que je les ai découverts. Des sujets difficiles, tabous, mais qui restent intéressants pour une lectrice curieuse comme moi. Ce sont des romans courts, cela se fera certainement ressentir dans mes chroniques, car je ne souhaite pas vous en dire trop. À présent, concentrons nous sur Ghislain.

Ghislain est un jeune garçon, qui mène une vie normale même si aller en cours n'est pas son activité favorite. Sa vie aurait pu être un long fleuve tranquille, mais Ghislain perçoit un problème sur son chemin vers l'âge adulte. Oui, pour lui c'est un problème : il est homosexuel. Et s'il y a bien une chose que son père ne pourrait jamais accepter, c'est que son fils aime les hommes. Nous assistons à un certain combat entre Ghislain et lui-même, le regard des autres allant presque jusqu'à le forcer à tester des expériences avec des filles, pour en ressortir déçu à chaque tentative. Ghislain est un personnage attachant, qui vit des choses très difficiles, qui voit ses parents lui tourner les dos, qui ne se sent pas à sa place dans notre monde, qui souffre de ressentir de l'amour, de l'attirance pour les hommes.

Le fait que l'histoire soit courte ne lui enlève pas cette force de nous émouvoir, de nous surprendre, ou encore de nous bouleverser. Nous espérons beaucoup lors de la lecture de ce récit, des sourires apparaissent sur notre visage, pour disparaître soudainement l'instant suivant. C'est un petit roman qui se lit en une fois seulement, car on ne ressent jamais l'envie de le laisser de côté pour le terminer plus tard, non, l'envie de connaître le fin mot de cette histoire est trop fort. Le sujet principal du livre est le rejet d'un enfant suite à son orientation sexuelle, quelque chose qui nous choque mais qui existe pourtant. Et si des parents ayant ces pensées lisaient ce roman, comment verraient-ils leur fils ensuite ? Comment se verraient-ils eux-même ?

La plume de l'auteur est simple, agréable à lire, claire et précise, on ne se perd pas dans les explications, car les détails sont peu nombreux. On se concentre sur Ghislain, ses émotions, et ses parents. Et c'est déjà bien suffisant. Le seul regret que je ressens toujours quand je lis un bon roman et qu'il est court, c'est que le temps passe trop vite, l'histoire aussi, et donc qu'on a jamais vraiment eu le temps de ressentir ce grand plongeon dans l'histoire. Je me suis attachée aux personnages, ce qui est déjà un très bon point, mais si le roman contenait plus de pages, j'aurais eu encore plus de mal à les quitter. Mais je comprends le but de ce livre : son talent est de savoir choquer, émouvoir, et ceci en très peu de pages.

Je ressors donc satisfaite de ma lecture, bouleversée, et heureuse, pour de nombreuses raisons que je vous laisse le soin de découvrir en lisant ce roman. Je vous le conseille pour son sujet difficile (à lire, et à traiter), ainsi que pour cette histoire que j'ai vraiment apprécié malgré les côtés choquants de certaines situations. Ce roman est réaliste, et c'est ce qui me motive à vous donner envie de le lire : c'est une situation qui n'est pas inexistante, qu'il faut connaître, et contre laquelle il faut lutter.

Un très bon petit roman.

1 septembre 2015

Addiction - Blake Nelson.

« Je voudrais que chaque seconde dure une éternité. »

Auteur : Blake Nelson.
Éditions : Albin Michel, collection Wiz.
Genre : Jeunesse, Contemporain.
Année de sortie : 2014.
Nombre de pages : 348.

Synopsis : « Maddie, 17 ans, est en cure de désintoxication pour un problème d’alcool, de drogue et de comportement violent. D’abord rétive et solitaire, elle reprend vie quand elle rencontre Stewart, croisé dans le bus qui emmène les patients à la seule sortie autorisée : une séance de cinéma un soir par semaine. Très amoureux l’un de l’autre, les deux jeunes gens se retrouvent vite sur la sellette - toute relation est interdite pendant la cure. Bravant le règlement, ils se mettent en danger. Une fois dehors, les rechutes et séparations s’enchainent entre eux. Tandis que Stewart perd de plus en plus pied, Maddie comprend qu’elle est plus forte, plus solide, plus confiante en l’avenir que lui. Un jour, le dilemme se pose de façon irrémédiable : soit elle sauve sa peau et quitte à jamais Stewart, soit elle prend le risque insensé de se perdre à nouveau en voulant le sauver... »

Mon avis :
Addiction est un livre qui m'a d'abord intrigué par sa couverture : des médicaments laissaient présager un roman sur la puissance que peut avoir une addiction, et c'est un sujet qui m'intéresse beaucoup, justement parce que j'en sais trop peu à ce propos. Je l'ai laissé un moment dans ma bibliothèque, mais me vint il y a peu cette soudaine envie de le découvrir, dans le cadre de ma pile à lire de l'été, alors je me suis laissée tenter par cet univers sombre, glacial.

Maddie est l'une des plus jeunes droguées dans son centre de désintoxication. Si elle y est, c'est pour aller mieux. Si elle y est, c'est pour rayer à jamais ces substances de sa vie. Elle traverse des semaines difficiles et est plutôt renfermée. Mais quand elle rencontre Stewart, sa vie entière change. Sa raison de vivre aussi. Maddie est une jeune fille téméraire, on croit en elle et on s'attache très vite à ce personnage, son histoire nous touche, et sa force de vaincre ce qui est mal nous rend admiratifs. Stewart quand à lui est un personnage qui sur le début me plaisait énormément, l'amour entre ces deux jeunes était si beau, si plein d'espoir. Mais Stewart a cessé de me plaire au fil des pages, bien qu'il reste le même, j'avais si peur qu'il entraîne Maddie dans sa chute s'il en refaisait une. Tous deux représentaient un amour qu'on ne peut pas comprendre, un amour d'espoir, un amour d'ambition, un amour d'avenir, car tous deux ressentent le besoin de s'en sortir.

Ce livre, bien qu'il ne soit pas un roman d'action, sait nous envoyer des décharges d'adrénaline ainsi que de grandes doses de suspens. Ici, le mystère n'a rien d'incroyable : notre plus grande crainte est de voir Maddie replonger dans ses démons passés, replonger dans la drogue, l'alcool, l'univers autour de tout ça. Et je crois que c'est l'une des craintes les plus grandes que j'ai ressenties dans un roman. Car personnellement je me suis sentie si vulnérable en lisant cette histoire, si différente et si proche d'eux à la fois. On sait que tout peut basculer, on sait que les gens autour de nous peuvent tomber, on sait que des inconnus peuvent mourir de notre propre addiction. C'est ce qui rend la situation beaucoup plus grave qu'on ne pourrait l'imaginer. Mais à côté on suit aussi l'évolution de Maddie, une battante, avec qui on compte les mois sans qu'elle ne touche aux substances interdites. On partage avec elle ce combat qu'elle mène face à la maladie. On vit avec elle des événements qui la changeront à tout jamais. On réussit presque à ressentir sa propres souffrance à travers ses mots.

L'auteur nous offre ici un roman agréable à la lecture, qui traite d'un sujet difficile. Un sujet difficile à saisir ainsi qu'à recoucher ensuite sur papier. J'ignore si les sensations et les situations sont semblables à celles que vivent de véritables drogués, mais personnellement j'ai trouvé que l'histoire était très bien amenée, pour nous faire peur, pour nous faire mal, pour nous faire s'impatienter face à la suite prochaine du récit. J'ai trouvé cette histoire assez addictive, j'étais toujours désireuse de connaître l'avancée de Maddie, et de son histoire avec Stewart. L'auteur n'hésite pas à nous choquer, à nous traumatiser, mais c'est ce qui rend le roman plus intense, plus éprouvant.

Je suis très heureuse de m'être décidée à sortir ce roman de ma bibliothèque car c'est une histoire que j'ai vraiment appréciée, malgré son côté sombre. Un sujet très difficile à aborder que j'ai aimé découvrir en suivant Maddie, mais j'ai surtout été surprise de découvrir les principaux facteurs qui font replonger même les plus résistants. Surprise est un grand mot car c'est évident, mais le lire m'a encore plus troublée. Je ressors donc de ce roman avec un avis très positif, malgré la gravité de l'histoire, j'ai vraiment apprécié le récit du début à la toute fin : une fin qui m'a fait sourire, malgré certaines tristesses.

Un très bon roman.